En 2017 et 2018, j’ai eu la chance de concevoir puis de construire un robot autonome multiterrain de sécurité. Cette impressionnante (selon les témoignages) machine de 250 kilos, bardée de caméras et de capteurs, JACK – comme je l’avais baptisée, demeure unique en son genre par ses capacités. Salué par l’industrie, ce robot s’est notamment distingué en remportant le prix Think Outside the Box au salon Security & Safety Meetings à Cannes en 2018. Je me suis souvent demandé ce qui rendait ce robot si différent des autres et nous permettait, alors que nous nous battions contre les géants de l’industrie, d’avoir l’oreille attentive des entreprises de sécurité comme des directeurs de sureté de grandes entreprises.
J’en suis arrivé à la conclusion que le succès de JACK tenait à la combinaison de plusieurs éléments comme l’utilisation de l’ingénierie agile, mais surtout à la place centrale accordée à l’utilisateur. Plus exactement, à la prise en compte de sa réalité et de ses besoins à chaque étape de conception. Ce facteur, j’en suis persuadé, constituera également un pilier du succès de l’implantation de robots numériques dans les entreprises.
La situation actuelle en robotique ressemble aux débuts du Web : la réalisation des sites Internet d’envergure était alors l’apanage d’architectes technologiques et de programmeurs pour qui les usagers finaux avaient une importance toute relative, pour ne pas dire nulle.
C’était avant que le champion de l’utilisabilité, Jakob Nielsen, ne devienne une véritable star.
Ce qui, justement, distinguait JACK d’emblée, c’est que sa conception était basée, au départ, sur l’utilisateur. Or, à cause de leur complexité technique, les projets robotiques actuels – en majorité des robots physiques –, sortent de laboratoires qui fourmillent d’ingénieurs en robotique certes talentueux, mais qui se préoccupent rarement de « design centré usager » (User-Centered Design ou UCD).
Trop souvent négligées par les développeurs, les interfaces robot-usager sont donc généralement peu engageantes, voire rebutantes. Non seulement elles ne rendent pas honneur à la valeur ajoutée du système, mais elles ne contribuent nullement à l’adoption de cette nouvelle technologie.
À l’inverse, les robots numériques que l’on déploie aujourd’hui en RPA (Robotic Process Automation), bénéficient de deux décennies de conscientisation aux bienfaits de l’utilisabilité numérique. À cela s’ajoute l’ensemble des connaissances en matière d’utilisabilité – ou « UX », comme on l’appelle – promues par de véritables militants de la conception centrée usager.
Résultat, les interfaces de systèmes de RPA comme ceux de UiPath sont d’excellente qualité et elles correspondent à l’univers « technico-centrique » des programmeurs.
Le fameux « dernier kilomètre » en matière d’UX pour la robotique numérique, cette partie visible de l’iceberg qui constitue le lien entre l’usager et le robot, se résume aujourd’hui à quelques boutons et fenêtres contenant des informations et des formulaires destinés aux usagers finaux.
En conclusion, le design centré usager des robots numériques actuels de type RPA permet à la fois de les implanter plus rapidement et de maximiser leur potentiel d’adoption par les utilisateurs.
Exactement comme pour les robots physiques.